
L’éveil des sens
Alfa Roméo a construit son histoire sur la performance et les succès en compétition. Dans les années 20, soit bien avant la naissance de Ferrari, des bolides rouges arpentaient déjà les circuits du monde entier en quête de gloire et de victoires. Et c’est bien Alfa Roméo qui offrit à l’Italie ses lettres de noblesse en matière d’automobiles de sport et de prestige. Un ADN bien ancré dans les gènes de la marque milanaise, au point de transmettre à chacun de ses modèles de production le « Cuore Sportivo » qui fait que le cœur d’une Alfa bat au rythme de la passion.
La première Alfa badgée « GTA » voit le jour en 1965 sur la base de la Giulia. Les GTA ont vocation à être plus puissantes, plus légères, plus rapides, plus performantes. Bref, derrière ces 3 lettres devenues emblématiques se cache un concentré de passion et de sportivité signé Alfa Roméo.
Alors quand le constructeur décide en 2003 d’apposer les 3 lettres magiques sur sa compacte, c’est tout simplement pour faire de l’Alfa 147 GTA la traction de série la plus puissante du monde.
Haute couture italienne
En dehors de l’automobile et de la cuisine, l’autre savoir faire italien, c’est la haute couture. Les spécialistes de l’apparence ne s’y trompent pas, des costards sur mesures aux chaussures en cuir reluisantes, pour briller en soirées les italiens sont champions. Et si vous débarquez en sportive italienne on vous accueillera à bras ouverts d’un authentique che bella ! à votre arrivée.
Vous trouvez que c’est un peu cliché ? Moi pas 🙂
Toujours est-il qu’une voiture italienne se doit d’avoir une certaine classe. Mais attention, je ne vous parle pas de la classe anglaise, façon 007 en Aston Martin toujours tiré à 4 épingles… Ni de la classe S à l’allemande, un brin austère en recherche de l’absolue perfection… Je vous parle de la classe à l’italienne, latine ! ostentatoire ! Qui en jette sur son passage !




Avouons que l’effet recherché est souvent très réussi. La patte italienne (mettez là de côté celle ci…) ne se résume pas au « rosso » qui recouvre sa robe mais bien à la fluidité et l’élégance de ses formes. La version GTA de la 147 ajoute discrètement mais très efficacement la note sportive qui fait comprendre à celui qui la voit passer qu’elle n’est pas comme les autres. C’est donc sans dénaturer le modèle original que les designers ont rendu la GTA encore plus désirable que la 147, chapeau !
Notez que de petites touches personnelles se sont glissées sur la voiture d’essai, comme le « quadrifoglio Verde » sur les ailes ou les deux doubles sorties d’échappement qui ne sont pas d’origine mais restent dans l’esprit du modèle et de la marque.
Une telle réussite, qu’aujourd’hui encore cette Alfa Roméo fait tourner les têtes sur son passage.





Ambiance à bord
C’est avec plaisir qu’on retrouve le style Alfa à l’ouverture de la « longue » portière conducteur. Les confortables sièges baquets sont revêtus d’un traditionnel cuir noir tandis que le volant 3 branches et les compteurs ronds à casquette renforcent l’ambiance sportive. Des efforts ont clairement été fait sur la finition et l’aspect des matériaux. On n’est pas au niveau des allemandes (il fallait bien que je la case quelque part celle là), mais c’est bien plus flatteur qu’auparavant !
Comme toujours chez Alfa, l’instrumentation est assez complète. Dommage toutefois que les petits manos traditionnels de pression d’huile, température d’huile, voltmètre aient disparu au profit d’un affichage digital intégré au combiné. C’est moderne, moins pratique, sans éclat… Et ça annonçait déjà l’ère du tout numérique qui a transformé nos voitures en smartphones à roulettes, bref… j’aime pas !





Au delà de ces petites critiques l’ambiance qui règne à bord est plutôt flatteuse. Une fois installé derrière le volant, on a qu’une hâte, insérer la clé de contact pour réveiller la pièce d’orfèvrerie qui se trouve sous le capot….
Bijou de famille
Evènement devenu rare sur une voiture, on en prend plein les yeux à l’ouverture du capot. Prisonnier de son écrin rouge, le V6 Busso 3.2L apparait tel un joyaux. Ici pas d’immondes caches en plastique, on reste fidèle à la tradition en affichant deux superbes couvre-culasses en aluminium gravés et de magnifiques tubulures d’admission chromées. Voilà de quoi flatter la rétine du pilote qui sommeille en vous !
Alors un beau moteur c’est bien, mais un moteur avec une belle fiche technique c’est encore mieux !
Et sur ce point, Alfa marque encore des points en prouvant que le V6 est une spécialité milanaise, tout comme le 6 en ligne reste une spécialité bavaroise !



Un beau bébé ce V6 ! Rentré au chausse pieds en position transversale dans le compartiment avant de la 147 il ne reste plus beaucoup de place pour passer une clé de 12 ! Nous sommes donc en présence d’un 6 cylindres en V à 60° équipé d’une culasse à 24 soupapes et de deux doubles arbres à cames en tête. Avec une confortable cylindrée de 3.2L la puissance atteint 250 CV à 6200 Trs/mn pour un couple de 300NM. Une puissance modeste pour la cylindrée, mais il n’y a pas que le rendement dans la vie ! Alors laissons cela aux spécialistes de chez Honda ou de chez Motorsport, car notre V6 Italien a bien d’autres atouts.
Le chant du cygne
Prendre place derrière le volant d’une Alfa Roméo est toujours un moment de grande émotion. La position de conduite est bonne, les sièges sont confortables mais manquent un poil de maintient. Volant en mains, les yeux sont irrémédiablement attirés par le flatteur (et très ambitieux) 300Km/h du compteur…. ahhh ces italiens !
Contact ! Le V6 s‘éveille dans une sonorité métallique qui laisse déjà penser que l’on ne s’ennuiera pas dans les tours. Je n’oublie pas à ce moment là que ce moteur, aussi nommé V6 Arese, du nom de la ville où il était fabriqué, s’offre son dernier voyage à bord de la 147. Et en version GTA, le chant du cygne n’aura jamais sonné aussi juste….
J’engage la première, la voiture s’anime sur un filet de gaz. Jusqu’ici je conduis une Alfa 147, mais déjà à très faible allure le moteur fait preuve d’une souplesse incroyable. Sur les petites routes de la campagne sarthoise la suspension se révèle très ferme. La voiture a tendance à tressauter un peu plus que de raison, le confort s’envole donc dès les premiers tours de roues, mais j’y reviendrais plus tard. Si les liaisons au sol sont toujours perfectibles chez Alfa, c’est que l’essentiel est ailleurs…




Et ailleurs, c’est sous le capot !
Ce moteur est un régal, au fil des kilomètres il étonne par sa disponibilité à tous les régimes, reprenant sur un filet de gaz quel que soit le rapport engagé. Je me surprends à vouloir jouer de la boite alors que c’est inutile pour relancer en conduite de tous les jours. Du coup, je profite du couple et j’en oublierais presque que c’est dans les tours qu’il est sensé donner le meilleur de lui même, un comble !
Pour me convaincre de cette double personnalité, je décolle à bas régime en troisième sur le couple… L’aiguille du compte tours grimpe gentiment puis s’envole vers d’autres horizons, pour passer les dizaines dans une sonorité à la fois rauque et métallique, un pur bonheur. Il n’y a pas à dire, en matière de frissons ils sont forts nos amis milanais !
Au delà de sa musicalité, ce V6 offre à l’Alfa 147 GTA de belles performances et procure d’excellentes sensations à son conducteur. Le couple est bien présent, à tel point que la presse d’époque trouvait le train avant un peu débordé par la cavalerie et les assistances électroniques trop intrusives. Sur notre voiture d’essai la présence d’un autobloquant améliore sensiblement les choses. Sur les petites routes de campagnes, à part quelques réactions dans le volant la voiture tient le cap à la remise des gaz. Autre modification, les amortisseurs ont été remplacés par des KW nettement plus fermes… Si le confort en prend un sérieux coup, c’est au profit d’une meilleure précision, tant que le revêtement n’est pas trop dégradé !
Dans le cadre d’un essai « mesuré », la voiture ne cherche pas trop sa route et tient la trajectoire que je lui impose bien mieux que je ne l’aurais imaginé. Bien aidé par les « petites » améliorations d’Antoine, le proprétaire passionné d’italiennes, le châssis se défend mais on sent bien qu’il n’est pas aussi rigoureux que ce que propose la concurrence allemande ou française à cette époque. Et pour être honnête, je m’en fous ! Je profite de l’essentiel en restant concentré sur ce fabuleux moteur, peaufinant quelques talons pointes à la décélération, pour le seul plaisir des oreilles !


Les freins sont biens dimensionnés avec des étriers à 4 pistons et disques de 330mm de série. Ils font le job sur la route, la sensation à la pédale n’est pas extra mais on s’y fait. La voiture n’ayant pas vocation à mettre les roues sur un circuit, on pourra toujours améliorer un peu tout ça pour gagner en mordant et en endurance sans se ruiner avec des plaquettes qui vont bien et un liquide plus résistant à chaud.
Plein les yeux et les oreilles
La 147 GTA est bien l’héritière des Alfa qui ont fait la réputation sportive de la marque. Concentré de passion, il est bien difficile de ne pas succomber à ses charmes et de ne pas se laisser envouter par son caractère latin. On en vient à tout lui pardonner… Son manque de motricité, son châssis perfectible, sa finition légère, tout s’efface à la première ligne droite, lorsque le V6 vous tracte en allant chercher la note qui donne le frisson !
Très à l’aise sur un filet de gaz grâce à son couple, le moteur a cette faculté d’exciter les sens comme peu d’autres productions automobiles sont capables de le faire. C’est bien simple avec cette Alfa 147 GTA, le plaisir débute avec les yeux et file vers l’infini au son du 6 cylindres !
Points forts | Points faibles |
– Che bella ! – Cuore Sportivo – V6 atmo envoutant – Performances – Finition en progrès | – Feeling/précision des commandes – Pas d’autobloquant d’origine…. – Assistances intrusives |
Sous un autre angle…










Les liens utiles sur l’Alfa 147 GTA
Passion oblige, les sites sur la marque Alfa Roméo sont nombreux, tout comme les spécialistes de la marque et revendeurs de pièces détachées. Si l’on se concentre sur les sites faisant références aux modèles GTA ou 147, voici ce qu’il est possible de trouver sur la toile :
Club GTA : en anglais, un site qui recense les Alfa 156 et 147 GTA. Il sert également de portail vers les communautés Facebook Italiennes, françaises et espagnoles de ces modèles.
https://clubgta.com/
Alfa 147 France : Site créé en 2002, véritable communauté de l’Alfa 147, tutoriels, forums, annonces, un incontournable.
http://www.alfa147-france.net/
Club Alfa France : le club français dédié à la marque Alfa Roméo, tous modèles confondus.
https://www.clubalfafrance.com