Caterham VTA « Vegantune »

Caterham Vegantune

Pour des sensations uniques…. composez le 7 !

Angleterre, années 50, les roadsters envahissent les petites routes. De l’Austin Healey à la Jaguar type E, en passant par la Triumph TR3, elles font les beaux jours d’un pays météorologiquement sinistré…
En traversant la Manche, les intempéries et les époques, certaines sont même devenues des légendes de la route, c’est le cas de notre Caterham Seven qui a même changé de nom entre temps mais n’a jamais renié ses origines.

1967, 10 ans après son coup d’éclat (et bien avant le modèle du même nom…), Lotus cède les droits d’exploitation de sa Seven à la firme Caterham qui perpétuera le concept jusqu’à nos jours. La version « VTA Vegantune » que je vous présente est issue d’une série de seulement 41 exemplaires qui doit son nom à la motorisation installée sous son capot, un 4 cylindres équipé de deux arbres à cames en tête directement inspiré du Twin-Cam Lotus mais fabriqué par Vegantune pour le compte de Caterham.

On vous présente donc une ex-Lotus devenue Caterham, équipée  d’un ex-moteur Lotus Twin-Cam devenu Vegantune…. Vous êtes perdu ?  Normal… c’est anglais ! Mais pas de panique, on vous explique.

ORNI

Cela fait plus de cinquante ans que la Caterham peut-être considérée comme un « Objet Roulant Non Identifié » au sein de la production automobile mondiale. Avec ses roues apparentes, son regard de batracien et son habitacle fuselé comme un cigare, notre Caterham fait tourner les têtes depuis 1957 !
Colin Chapman, le génial concepteur de Lotus, n’a pas fait fait les choses par hasard. L’allure générale de la Seven, très inspirée des monoplaces de l’époque, démontre la volonté de proposer une auto légère dédiée avant tout au plaisir de conduite.

Notre modèle d’essai est dans son jus, les panneaux en alu patinés « juste comme il faut », les longues ailes, le nez jaune et les jantes optionnelles 14 pouces démontables lui confèrent un look très sympa. Les portes démontables sont aussi de la partie mais pour le style on repassera… efficaces pour limiter les remous d’air, elles alourdissent vraiment la ligne générale.

Spartiate…

On n’entre pas dans une Caterham, on monte dedans !
En fait on se contentera de lever une jambe pour franchir le petit panneau en alu qui vous sépare du bonheur. L’impression de s’installer dans une voiture de manège n’est jamais loin et, une fois assis, le rituel veut que vous passiez la main hors de l’auto pour vous rendre compte à quel point la terre n’est pas si basse finalement… Posez les ensuite sur le minuscule volant Moto-Lita pour que le monde du jouet vous fasse encore un clin d’œil, tout est décidément rendu à sa plus simple expression.
Sous vos yeux, la « planche de bord » n’a jamais aussi bien porté son nom, l’ergonomie est inexistante mais on y trouve toute l’instrumentation nécessaire à la surveillance de la mécanique et une série d’interrupteurs à bascule – dont la disposition à dû être tirée à la courte paille –  pour actionner les accessoires.
Le levier de vitesses tombe parfaitement sous la main, situé à quelques centimètres du volant on se dit qu’on pense au moins à optimiser les mouvements du pilote chez Caterham. A moins que ce ne soit la taille réduite de l’engin qui impose une proximité de tous les équipements, à vous de choisir… Notez également sur les photos l’emplacement de la clé de contact, unique !

Un Twin-Cam sinon rien…

Ahhhh les moteurs double-arbres ! l’Italie, les petits cabrios rouges à la sonorité métallique, la dolce vita mécanique sur les routes de campagne !
Je m’égare… n’en déplaise aux aficionados, l’Italie n’a pas le monopole des moteurs double-arbre, même si l’image d’une Fiat 124 ou d’un Spider Alfa évoque bien naturellement ces moteurs aux intonations lyriques. Pour éviter les lapsus, contentons nous de poursuivre avec l’expression « Twin-Cam » – traduction anglaise du « double-arbre » – puisqu’il s’agit bien ici d’une mécanique à l’accent shakespearien.

Les moteurs à 2 arbres à cames en tête ont toujours été les variantes les plus « nobles » des mécaniques à 4 cylindres. Équipés de culasses complexes, ils possèdent un arbre à cames par rangée de soupapes (admission – échappement) pour améliorer le rendement et limiter les pièces mécaniques en mouvement, petit bonus pour nos oreilles avec une sonorité caractéristique pas déplaisante du tout !
Rien n’étant parfait dans ce bas monde, ces belles culasses sont coûteuses à fabriquer, plus fragiles car plus difficiles à refroidir ainsi qu’à lubrifier. C’est pourquoi il est encore plus important de respecter les temps de chauffe sur ce type de moteurs.

Pour comprendre l’histoire de notre moteur, rappelons nous que Caterham achète les droits d’exploitation de la Lotus Seven mais pas le Twin-Cam qui va avec… Il n’y a donc plus de « belle » mécanique sous le capot de la Seven et la solution semble se trouver chez Vegantune, le motoriste George Robinson va en partie s’inspirer du Twin-Cam de chez Lotus pour développer le berlingot tant désiré. D’une cylindrée de 1 598cc, le bloc est coiffé d’une culasse et d’une distribution maison tandis que l’alimentation sera confiée à deux carburateurs double corps Dellorto 40DHLA. Au final, il développe une puissance très honorable de 130cv pour un couple de 15,6 m/kg à 5000 trs et un régime maxi de 6500trs/mn. De belles prestations sur le papier mais très vite de gros problèmes de fiabilité apparaissent et seulement 41 blocs seront installés dans la Seven, fin du premier… et dernier acte.

Côté châssis on ne change pas une équipe qui gagne, la structure tubulaire de la VTA  – assemblée chez Arch Motor – est habillée de panneaux en aluminium rivetés. La suspension avant est indépendante tandis qu’à l’arrière on retrouve l’indéboulonnable et bondissant pont rigide…

Gentlemen, start your engine !

Well ! Il est temps de tourner la clé de contact pour dégourdir les roues de notre Caterham sur les petites routes de campagne, terrain de jeu à priori idéal pour découvrir son côté roadster qui nous intéresse. Première engagée de la main gauche et c’est parti !
Exit les assistances ! Je suis en prise directe avec la mécanique et la route. Les premiers tours de roues me donnent d’emblée la banane, le vent m’offre une nouvelle composition capillaire de rigueur et le rythme s’impose de lui même sans jamais dépasser les allures légales. En renouant avec d’authentiques sensations on se rend compte à quel point le conducteur est aujourd’hui isolé de son environnement, jusqu’à en perdre l’essentiel… le plaisir de conduire son véhicule. L’esprit roadster, ça ne s’explique pas, ça se vit !

Le moteur fait bien le job, aux allures de ballade on se moque bien de son potentiel pour profiter de sa sonorité rauque à bas régimes et du couple en roulant sur un filet de gaz. Quelques chiffres quand même, le faible poids de la voiture et les 130cv autorisent une accélération de 0 à 100km/h en 6.2s et une vitesse de 172km/h bien suffisante quand on roule décapoté….

Évidemment, pour que l’essai soit complet il fallait bien savoir de quel bois peut se chauffer notre Caterham quand on la bouscule un peu, mais alors juste pour parfaire le travail, rien de plus… vraiment…

En haussant le rythme on découvre un comportement joueur, le pont arrière rigide rend la voiture vive et agile, ce qui autorise quelques facéties à basses vitesses mais ne vous y méprenez pas, avec l’amortissement d’origine et l’absence d’autobloquant, il vaut mieux rester concentré et regarder loin devant soi, surtout quand le revêtement se dégrade !
En effet, si la direction est assez précise, la souplesse de l’amortissement et le roulis important pénalisent les inscriptions en virages et les changements d’appuis. La boite de vitesses épaule bien le moteur mais n’est pas des plus rapides à manier, avec seulement 4 rapports ça évite au moins de s’en servir trop souvent !
Question d’habitude car on peut aller vite, très vite même en se crachant dans les mains et en mouillant sa chemise… brute de sensations aux allures légales, notre Cat’ devient carrément sauvage quand le rythme s’accélère et que la route se rétrécit.
Au chapitre freinage il faut se replacer dans le contexte, pas d’assistance et un répartiteur défaillant sur notre auto d’essai, ça freine plutôt moyen et surtout pas droit… Malheureusement si le poids est censé jouer en notre faveur, avec le déséquilibre la tendance s’inverse, rendant la voiture plus sensible encore. Mais dans de bonnes conditions la voiture freine bien et se montre plutôt endurante sur ce point.

Dans cette configuration d’origine, la Seven se savoure cheveux au vent sur un rythme coulé, ponctué de quelques accélérations en « double-arbre majeur », son agilité et ses dimensions réduites vous procurent alors un sentiment d’évasion proche de la moto.

Seven Forever

Pourquoi la Seven traverse t-elle les époques sans prendre une ride ? Peut-être parce qu’elle répond à des attentes simples, essentielles, qui font la part belle à la conduite sans jamais faillir au concept initial. Rajoutons les performances toujours au top sur les versions punchy et les Cat’ deviennent de redoutables pistardes qui laissent derrière elles la plupart des sportives ou GT actuelles.

Une façon de découvrir la route sous un autre angle, à l’anglaise, en conduisant au ras du sol, cheveux aux vents à la place du passager. Seul petit bémol, je me dis que la prochaine fois je soignerais mon look en m’équipant d’un blouson de cuir et de l’ensemble casque cuir /  lunettes aviateur vintage, histoire de vivre la Cat’ à 100%  !

Points forts Points faibles
  • Concept inaltérable
  • Le plein d’émotions / sensations
  • Agilité / légèreté
  • Agrément Twin-Cam
  • La banane !
  • Étanchéité… générale
  • Vegantune fragile et glouton
  • Roulis excessif

Les liens utiles pour tout savoir sur la Seven et même plus

Le site Sevener est incontournable, c’est la bible de la Seven en français, ultra documenté avec un forum très actif : http://sevener.fr

Le Club Caterham France, infos, actus et membres dynamiques pour répondre à toutes vos questions : http://club-caterham-france.fr/

Le Club Lotus France, avec son forum actif et ses nombreuses sorties circuit :
http://www.club-lotus.fr/

Seven Passion  http://www.seven-passion.com

Mes vifs remerciements au Moulin de Fillé sur Sarthe pour l’accueil et notre séance photos. Renseignements sur le site  : http://www.ile-moulinsart.fr

Texte – Stéphane Muguet –
Photos – Thierry Cormier / Stéphane Muguet  –
Stéphane Muguet
Passionné de Sport Automobile, de techniques de pilotage et de technologie, j’aime partager mais surtout échanger, car je reste convaincu que se remettre en question demeure la seule démarche pour progresser et avancer… Toujours plus vite !
https://www.driving-experience.fr

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