Ferrari 458 Speciale

Ferrari 458 Speciale

L’ART ET LA MANIÈRE

Au salon de Francfort 2009, la très attendue remplaçante de la F430 fait l’effet d’une bombe. La 458 Italia atteint un niveau de performances exceptionnel, ce qui en fait la nouvelle référence de la catégorie. Fin 2013, Ferrari dévoile une 458 « Speciale », s’inscrivant dans la lignée des 360 Stradale et 430 Scuderia. Une version à peine civilisée qui distille des sensations hors normes…

Pour améliorer les caractéristiques de la 458 Italia, il a fallu puiser dans les ressources du département compétition. En plus d’un gros travail sur l’aérodynamique et le poids, la partie mécanique a été optimisée pour obtenir une fiche technique à la hauteur des prétentions de l’engin. Le résultat au volant est sans appel, grâce à ces évolutions la Ferrari 458 se qualifie maintenant au superlatif…

Active aerodynamics…. ou la maîtrise de l’air

Comment résister au charme de cette italienne qui s’habille en haute couture ?
Entre Maranello et le bureau de style Pininfarina, c’est une vieille histoire d’amour. Celle-ci donne cette fois naissance à un dessin aussi élégant en statique qu’il n’est efficace en mouvement. Un travail stylistique abouti qui va jouer un rôle majeur dans l’aérodynamisme actif de la voiture, principalement à haute vitesse.

En plus des recherches habituelles en soufflerie destinées à améliorer le Cx, plusieurs éléments mobiles répartis sur la voiture vont permettre de modifier son appui en fonction des vitesses atteintes, un peu à la manière du classique aileron escamotable mais en beaucoup plus complexe.

Et justement, pas d’aileron mobile sur la 458 car tout se passe au niveau du sol. Cela commence à l’avant, avec un système composé de deux clapets qui s’ouvrent mécaniquement par la seule force de l’air (à partir de 170km/h tout de même) pour favoriser l’appui du train avant. Sur les côtés, de petits déflecteurs font leur apparition pour canaliser l’air le long de la carrosserie. Enfin, à l’arrière, des volets mobiles situés sous le châssis permettent de limiter la trainée au niveau du diffuseur.

Notre vidéo du système avant en action, efficace !

Enfin, sachez qu’il existe en option une déco spécifique constituée d’une bande centrale bleue et blanche. Si elle ne participe pas à l’amélioration des perfs à haute vitesse (quoique…), elle vous sera tout de même facturée au tarif très spécial de 8000€…

Composition organique

L’intérieur a subi un traitement spécifique pour offrir un niveau de finition à la hauteur. Les plastiques se sont raréfiés au profit du carbone, de l’aluminium, de l’alcantara et de tissus sélectionnés pour la circonstance. Les baquets sont superbes, invitant à s’installer pour prendre en mains le volant en cuir et carbone, petit bijou de technologie qui mériterait à lui seul tout un article. Véritable clin d’œil à la F1, il regroupe les fonctions légales (clignotants, essuie-glaces…) et celles dédiées au plaisir de pilotage. Comme le shift-light, cette rangée de led qui indique qu’il est temps de changer de rapport ou encore le manettino, ce petit sélecteur rouge comme les enfers qui pourrait bien vous faire basculer dans un autre univers automobile….

Avant de succomber aux plaisirs défendus, finissons notre tour d’habitacle pour constater que le design intérieur poursuit son évolution ergonomique au point que l’expression « faire corps avec la voiture » devient une réalité. Tous les éléments qui entrent  en contact avec le pilote épousent ses formes pour une fusion totale avec la voiture. Sièges et volant deviennent quasi-organiques dans leurs formes, à l’image de cette pièce en carbone qui a littéralement poussé en lieu et place de l’historique levier de vitesses en alu avec sa grille…

Ère digitale oblige, la vitesse et les informations au tableau de bord défilent sur écrans couleurs. Au milieu de cette débauche d’innovations, le compte tours analogique ferait presque figure d’ancêtre. Et tant mieux ! Car cette aiguille rouge sur fond jaune reste un vecteur émotionnel d’une rare intensité. Lien visuel entre le moteur et votre pied droit, elle semble vous défier de l’emmener vers des sommets himalayens…

Toujours plus…

A la lecture de la fiche technique, on prend conscience que la Speciale est un véritable outil taillé pour la piste. Car pour grappiller 90 kgs, Ferrari a fait usage de matériaux composites, les vitres ont été amincies, la lunette arrière remplacée par du polycarbonate et certains équipements purement supprimés.

A l’arrière on retrouve la pièce maîtresse, un V8 de 4.5L qui a subi son lot de modifications. Avec 605cv la Speciale s’offre le nouveau record pour une mécanique atmosphérique de série, soit 134cv litre !
Ultime attention, il a été coiffé de superbes tubulures d’admission en carbone qui vont magnifier la partition à 9000 Trs/mn qui va se jouer sur la piste…

Ferrari annonce pour sa boîte 7 des changements de rapports encore plus rapides. C’est un véritable exploit lorsque l’on connaît la réactivité de la 458 Italia sur ce point.

Derrière les jantes de 20′ le système de freinage carbone céramique ne passe pas inaperçu ; les étriers 6 pistons et les disques impressionnent par leurs dimensions. De quoi stopper les 1290 Kg dans les meilleures conditions.

Notons que les pneus Pilot Sport Cup 2 ont été développés en collaboration avec Michelin. Ils sont prévus pour encaisser les contraintes de 1.33G en latéral dont est capable la Speciale, soit la valeur la plus élevée jamais atteinte par une Ferrari de route.

Réalité Virtuelle

Les choses sérieuses commencent dans les stands du circuit Maison Blanche au Mans, à l’instant où mon doigt presse le bouton Start placé sur le volant. En une fraction de seconde, l’ouverture de l’admission, l’injection de carburant et l’explosion dans les chambres de combustion permettent au V8 de s’éveiller dans une sonorité typiquement latine. Mode « sport » enclenché, pied sur le frein, impulsion du doigt sur la palette de droite pour enclencher la première, une légère pression sur l’accélérateur et la voiture s’élance gentiment vers la piste. Un jeu d’enfant…
Quelques tours de chauffe permettent de se familiariser avec les commandes. Sur un rythme coulé cette 458 demeure « Italia », une voiture à la fois docile et très réactive. C’est en positionnant le manettino sur « Race » que j’ordonne au calculateur de modifier tous les paramètres pour me concocter la version Speciale de la 458…

Instantanément, la réponse à l’accélérateur devient plus prompte. Le V8 semble inépuisable, il s’envole à 9000Trs dans un feulement sublimé par la résonance de l’admission en carbone. C’est le rendement à haut régime qui semble avoir profité de ce travail. Une optimisation idéale dans les tours qui met en exergue la réactivité d’une boîte de vitesses qui flirte avec la perfection. On dirait qu’elle anticipe vos ordres, au point que le rapport semble s’engager avant même que les doigts ne cliquent sur la fine palette en carbone…

L’accélération semble alors ininterrompue. Et sans cette infime baisse du régime moteur si caractéristique, on pourrait croire qu’il n’y a qu’une seule et unique vitesse pour nous emmener de 0 à 320km/h… Impressionnant !

Avec de telles capacités d’accélération, un freinage puissant devient indispensable. RAS de ce côté, avec les disques démesurés équipés d’étriers 6 pistons à l’avant, le système carbone céramique offre des décélérations et une endurance efficaces.

Le comportement est aussi d’un très haut niveau grâce à un train avant ultra précis en entrée et un train arrière qui suit sans pousser exagérément la voiture en sortie. Vive dans le serré, stable dans le rapide et plaquée en ligne droite, la Speciale vous projette sans temps mort d’avant en arrière et de gauche à droite avec des limites repoussées à l’extrême grâce au formidable couple châssis / pneus.

Une nouvelle génération d’aides électroniques fait également son apparition avec une gestion qui n’est plus orientée uniquement vers la sécurité en bridant châssis et moteur en cas de dépassement des limites. De réelles assistances qui sont programmées pour s’adapter au « pilote ». Comme gérer plus facilement une dérive du train arrière en sortie de courbe tout en veillant activement sur la sécurité… Au cas où !

Le « 0 » devient alors la nouvelle valeur de référence pour qualifier la Speciale sur circuit : 0 latence, 0 roulis, 0 temps de réaction, 0 bride pour un bilan 100% efficacité.

C’est avec un sentiment inhabituel que je rejoins les stands au ralenti… Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le monde de la simulation et du jeu vidéo. A l’heure où les éditeurs/programmeurs  se targuent d’un niveau de réalisme jamais égalé, j’ai l’étrange impression qu’avec la 458 Speciale, c’est la réalité qui est en passe de rejoindre le virtuel…

Quelques tours embarqués sur le circuit des 24 Heures du Mans le jeudi 16 juin 2016, passez en plein écran et montez le son pour profiter du fabuleux V8 Atmo !!

L’arme absolue pour gentlemen drivers

La 458 Speciale propose ce que tout amateur de sport auto a un jour rêvé de piloter. Une forme de fantasme à quatre roues qui exacerbe toutes les émotions que l’on peut ressentir derrière un volant.

Si l’avenir de l’automobile sportive est en marche avec les motorisations turbo downsizées, hybrides ou électriques qui envahissent le marché, une chose est sûre ; avec ce V8 atmosphérique, Ferrari atteint le sommet de son art et semble reculer les limites du moteur à explosion de série. Associé à une boîte « magique » et un châssis très affûté, la Speciale propose plus qu’une super fiche technique. Elle vous procure de l’émotion et un plaisir de pilotage exceptionnel grâce à des systèmes électroniques capables de servir le pilote et non de filtrer ses interactions avec la piste.

Avec un ticket d’entrée à 235 000 euros la Ferrari 458 Speciale est 35 000 euros plus chère qu’une Italia (notez que ça fait 1000 euros par cheval supplémentaire ! ). Certes c’est une belle somme, mais avouons que la voiture est tellement aboutie que le surcoût semble pour une fois presque justifié.

Un grand merci aux circuits du Mans pour la séance photos. La piste technique de Maison Blanche s’est révélée être un terrain de jeux idéal pour cet essai à haute vitesse.
Automobile Club de l’Ouest, circuit des 24 Heures du Mans  – 72000 Le Mans

Points forts Points faibles
  • Performances / Émotions
  • Grip latéral impressionnant
  • V8 fabuleux !
  • Boîte de vitesses « magique »
  • Freinage au top
  • Électronique au service du pilote
  • Finition / matériaux
  • Le prix ? l’entretien ? les 53cv fiscaux ?
  • Rigidité / puissance / réactivité sous la pluie…

Sous un autre angle…

Les liens utiles pour tout savoir sur la Ferrari 458 Speciale

Bienvenue dans le monde des GT de prestige !
Vous trouverez des articles et fiches techniques à foison, plus difficilement des forums de discussions. Petit tour des sites consacrés à la 458 :

Club Ferrari France : Pour intégrer le cercle très fermé des aficionados de la marque il faut montrer patte blanche. Inscription obligatoire pour accéder à la plupart des menus et informations, c’est le prix de l’exclusivité !
http://www.clubferrarifrance.fr/

Ferrari.com : Le site de la marque. Informations et sur les modèles, les accessoires, les pièces détachées ou encore les produits dérivés.
http://www.ferrari.com

Ecurie Rouge : Un autre club consacré aux bolides de la marque au cheval cabré, ouvert à tous et organisateur de sorties et rallyes touristiques
http://www.ecurie-rouge.com/

Texte et photos statiques – Stéphane Muguet
Photos piste LC Reportage
Stéphane Muguet
Passionné de Sport Automobile, de techniques de pilotage et de technologie, j’aime partager mais surtout échanger, car je reste convaincu que se remettre en question demeure la seule démarche pour progresser et avancer… Toujours plus vite !
https://www.driving-experience.fr

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