Lamborghini Gallardo LP560-4

LA BELLE DE CADIX

Les marques historiques de sportives d’exceptions se comptent sur les doigts d’une main. À chaque nouveau modèle un morceau d’histoire automobile s’écrit au superlatif. Rachetée par Audi en 1998, Lamborghini prend un nouveau départ mais espère bien conserver une place de choix sur l’autel de la haute performance . Après la Murciélago, première voiture de cette nouvelle ère, c’est au tour de la Gallardo de faire honneur à la tradition en empruntant son nom à une race de taureaux de combat de la région de Cadix en Andalousie, tout un symbole… mais c’est en Vendée, dans l’arène de Fontenay le Comte, que nous la retrouvons pour un galop d’essai !
Après 5 années de commercialisation, un grand nombre de variantes dont la Superlegerra et le Spyder, la Gallardo apparue en 2003 au salon de  Genève va profiter d’un remaniement esthétique et de modifications mécaniques lui permettant de poursuivre sa carrière dans une cour ou la concurrence et plus affûtée que jamais. Cette évolution, c’est la LP 560-4 que vous avez sous les yeux,  une appellation derrière laquelle se cache un taureau de combat qui aurait quelque peu muté depuis ses origines ou se serait dopé aux amphétamines…

Esprit Countach…

Dessinée par le bureau Giugiaro en collaboration avec l’ancien patron du style Audi, cette Lambo ‘ doit perpétuer une tradition initiée en 1963 par Ferrucio Lamborghini. Pari réussi, sous certains angles la Lamborghini Gallardo m’apparaît comme une synthèse moderne du concept Countach initial de 1971, sans les artifices et l’exubérance des dernières versions, un dessin très épuré mis en valeur ici par le blanc immaculé qui la recouvre, en un mot : racée !
Ce qui est sûr c’est que les deux modèles nous offrent un style directement inspiré de l’aéronautique, thème récurrent pour la marque qui fait de cette Gallardo un véritable objet roulant furtif, lignes saillantes et écopes latérales en tête.

Au chapitre nouveautés, la LP 560-4 se pare d’un bouclier avant en deux parties aux formes plus acérées, de phares modifiés et d’une ligne de capot retravaillée la rendant plus agressive encore. La partie arrière n’est pas en reste avec des feux plus petits, un troisième feu stop qui prend place sur l’aileron escamotable, une grille d’aération d’un seul tenant, enfin une partie inférieure redessinée qui intègre deux doubles sorties d’échappement. Certes tout cela relève du simple lifting mais permet de relancer pour quelques années la longue carrière de celle qui est aujourd’hui la Lamborghini la plus vendue.

Le taureau par les cornes !

Bienvenue à bord de ce cockpit où l’on retrouve quelques clins d’œil à l’industrie aéronautique, comme cette rangée d’interrupteurs à bascule sur la console centrale et ces cadrans disséminés un peu partout dont certains affichent des valeurs inhabituelles, comme le compteur de vitesse gradué jusqu’à 340km/h…
S’il est un domaine dans lequel on remarque le passage du constructeur Audi, c’est bien dans l’habitacle, les progrès effectués en matière de finition sont réels et on ne peut que s’en réjouir, mis à part certains plastiques, les matériaux sont de belle facture, le cuir généreux (c’est bien simple, quasiment tout ce que vous touchez en est recouvert) et les assemblages enfin à la hauteur d’une voiture de ce tarif. Au delà de cette belle association germano italienne, la touche Lambo’ est préservée avec une visibilité digne des meilleures meurtrières de châteaux moyenâgeux et surtout une position de conduite délirante, imaginez-vous incliné vers l’arrière, vos genoux plus hauts que vos fesses et vos pieds décalés sur la droite pour cause d’énorme passage de roue avant…

Et le taureau dans tout ça ?
A vrai dire vous n’avez jamais été aussi proche de lui, car en plus du logo qui vous fait face vous constaterez que, derrière le volant, les palettes pour passer les vitesses sont en forme de cornes… ou comment prendre le taureau par les cornes à bord d’une Lamborghini, au sens propre comme au figuré !

Force brute

Mais la vraie bête, c’est dans votre dos qu’elle se trouve… un V10 ouvert à 90° qui est passé de 5.0L à 5.2L dans cette LP 560-4, LP pour « Longitudinale Posteriore » (moteur en position longitudinale arrière), 560 pour la puissance et 4 pour la présence de la transmission intégrale. Si on compte bien, ça nous fait donc 60cv de plus depuis la sortie de la première version en 2003, pas rien !
Le couple atteint quant à lui la valeur maxi de 55 mkg à 6500 trs/mn, ce qui permet avec la boite robotisée E-gear de propulser notre Lamborghini de 0 à 100 en 3.7 secondes et de descendre le 0 à 200 en 11.8s… tout ça en ligne droite bien sûr, mais que vaut notre athlète avec des virolos sur un véritable circuit ?

Prêts ? Chargez !

Contact… le moteur démarre avec un coup de gaz à faire trembler les murs, le taureau s’ébroue, prêt à se dégourdir les pattes… ne reste plus qu’à assumer ce petit mouvement de poignet sur la clé de contact.

Nous sommes sur le circuit de Fontenay le Comte en Vendée, un terrain de jeu idéal composé d’enchaînements serrés pour tester la dynamique de notre Lamborghini Gallardo et d’une ligne droite de 800m pour laisser s’exprimer son V10. La sortie des stands en douceur permet de s’apercevoir qu’à basse vitesse… ça sent déjà la taurine !
La boite robotisée, aux changements de rapports virils, et ma position de conduite me mettent tout de suite dans l’ambiance. On est bien loin de la souplesse d’une Audi R8, avec laquelle il est possible de rouler au quotidien sans appréhension, remarquez le contraire nous aurait déçu et ce côté exclusif nous prouve encore que les ingénieurs ont bien respecté le cahier des charges de la marque. Revenons à la boite E-gear, sa gestion et son fonctionnement ne sont pas réputés pour être un modèle de douceur et de rapidité. Si l’on sent bien les progrès effectués depuis 2003, le temps de réponse reste important et les rapports s’engagent toujours avec cette brutalité… qui participe au caractère que l’on peut attendre d’une Lamborghini !

Une fois tous les fluides en température, mon premier constat est en faveur de la transmission intégrale qui permet de lâcher le couple aux quatre pattes sans trop se poser de questions, tant que le volant est bien droit et le deuxième rapport engagé. La bête prend alors de la vitesse sans jamais fléchir, obligeant à projeter le regard au loin pour anticiper un maximum et se concentrer sur les repères de freinage… juste avant de « taper » la pédale de gauche pour que les énormes étriers mordent les disques avec une telle force que l’aiguille du compteur redescend encore bien plus vite qu’elle n’est montée… Efficace ! Dommage que la pédale manque un peu de consistance à l’attaque et que la course soit un poil longue en usage extrême, le feeling en pâtit un peu mais je chipote et l’endurance est bien au rendez-vous.
En entrée de courbe le train avant se montre bien plus incisif que je ne l’imaginais, le nez plongeant naturellement à la corde avec un soupçon de frein et de volant, l’arrière engageant franchement si on garde trop de freins ou si on les emmène un peu loin…. Un peu de finesse est donc requise sur les placements !
Dans les enchaînements serrés, avec ses gros gommards aux quatre coins et une largeur de trains conséquente on sent la voiture moins à l’aise, la technique se heurte à d’immuables lois physiques, inertie et grosse adhérence ne favorisent pas l’agilité… C’est donc plutôt dans le rapide et davantage quand ça ouvre sur un bout droit que tout le potentiel châssis peut s’exprimer, la générosité du V10 et l’efficacité de la transmission intégrale lui permettent alors d’enchaîner les appuis rapides pour ensuite s’extraire des virages comme un boulet de canon !

Pour libérer tout le caractère sauvage de notre Gallardo, une simple pression sur le bouton « corsa » va nous transporter au cœur de l’arène… pour une séance de domptage façon rodéo !
À chaque accélération, dans le dos c’est la ruée infernale, à croire que c’est maintenant un troupeau au complet qui pousse derrière, du couple en veux-tu en voilà avec du rab au dessus de 5000 trs histoire d’être sûr de ne pas s’endormir.
L’ESP devient plus permissif, laissant prendre un peu d’angle sur les freins en entrée et sur les gaz en sortie de courbe, sympa si l’on veut se faire plaisir avec « l’ange gardien » électronique qui veille… un peu frustrant quand on commence à piger le mode d’emploi. Tant que vous restez dans les limites définies par le « programme » tout va bien, mais dès que votre optimisme reprend le dessus, les étriers de freins pincent et le moteur coupe pour vous obliger à rester en ligne… Salvateur sur la route, le système vous contraint sur piste à une « trajectoire virtuelle » pas forcément en adéquation avec le ruban d’asphalte qui se déroule sous vos pneus, mieux vaut connaître les limites du système et ne pas se laisser griser outre mesure. Il est cependant possible de déconnecter complètement l’ESP pour évoluer en totale liberté, mais attention ! Car chatouiller les limites d’adhérence de cette Lamborghini Gallardo nécessite un sérieux background en pilotage, le potentiel châssis est élevé et pour se faire plaisir à son volant nul besoin de jouer les équilibristes… Exploiter le V10 en ligne droite et utiliser tout le potentiel de freinage vous transportent déjà sur une autre planète automobile !

Conclusion

Une Lamborghini construite sous le contrôle d’Audi, on aurait pu imaginer que la rigueur allemande étouffe le caractère latin chaud-bouillant de l’italienne, heureusement la fusion s’est opérée avec intelligence. Cette Lamborghini Gallardo fait honneur à ses racines dès que l’on s’installe à bord et que l’on tourne la clé de contact, elle s’exprime ensuite avec la bestialité du taureau qui orne son capot et a largement de quoi vous inquiéter sur votre statut de torero…
Ses défauts ? À peu près tout ce qui en fait une vraie Lamborghini ! Délire visuel et sonore, image bling-bling et tarif stratosphérique pour un joujou aussi déraisonnable que désirable.

Un grand merci au circuit de Fontenay le Comte pour la séance photos sur piste. Beau tracé, infrastructures modernes, accueil et dynamisme sont au rendez-vous pour ce circuit Vendéen devenu incontournable :
Piste Fontenay Pôle 85 – 64 rue de Chambouin – 85200 Fontenay-le-Comte

Points forts Points faibles
  • Délire furtif sur 4 roues
  • Performances de haut vol
  • V10 qui pousse… encore et encore
  • Transmission intégrale
  • Freinage
  • Qualité de construction en hausse
  • Boite E-gear brutale
  • Poids
  • Visibilité très réduite
  • Position de conduite… typée !

Sous un autre angle…

Les liens utiles pour tout savoir sur la Lamborghini Gallardo

Nous sommes dans un autre univers automobile, si trouver des infos sur une Lambo est facile, le tarif et la relative rareté de l’oiseau font que les sites ou forum dédiés aux bons tuyaux sur les Gallardo ne sont pas légions sur le Net, petite sélection :

Lamborghini Club France « Ouvert aux propriétaires de Lamborghini autant qu’aux sympathisants, c’est un club très convivial, où l’on trouve tous les types de Lamborghini, de la 350 GT à l’Aventador » le club regroupe les passionnés des créations de Ferruccio,  infos et docs sur les modèles, des news et un calendrier de sorties…
http://www.lamborghini-clubfrance.com/

Le site officiel du constructeur pour rêver sur les nouveaux modèles ou configurer le bolide que vous prendrez soin d’aller chercher directement à l’usine…
http://www.lamborghini.com/en/home/

Lamborghini-talk.com blogs  et forums, tout un tas de liens et d’infos sur la planète Lamborghini.
http://www.lamborghini-talk.com/

Texte et photos – Stéphane Muguet
Stéphane Muguet
Passionné de Sport Automobile, de techniques de pilotage et de technologie, j’aime partager mais surtout échanger, car je reste convaincu que se remettre en question demeure la seule démarche pour progresser et avancer… Toujours plus vite !
https://www.driving-experience.fr

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