Peugeot 205 GT

Le couteau Suisse !

Nous sommes en 1983, Mickaël Jackson inonde les ondes FM avec « Billie Jean » tandis que chez Peugeot la 104 n’est plus à la fête… Il est temps pour le constructeur de dévoiler celle qui pourra enfin bousculer l’impertinente R5 de la régie Renault.
Et d’emblée, Peugeot joue la carte de la diversité en proposant un large choix qui permettra à chacun de trouver LA 205 qui lui convient. C’est pour notre plus grand plaisir que la gamme sportive se trouve, elle aussi, plus richement dotée qu’à l’accoutumée. Les succès rencontrés en compétition par la 205 Turbo 16 ont un effet bénéfique sur les ventes et les très sportives versions GTi profitent de la vague « bombinettes » pour tirer le reste de la gamme vers le haut.
Seulement, avant 84, pas l’ombre d’un « i » sur la malle arrière de la petite nouvelle mais déjà un évocateur GT….

Côté chic

Pour une voiture de 20 ans, la 205 se fond encore discrètement dans le parc automobile actuel, la peinture métallisée et les jantes alu de cette version GT accentuent bien sûr cette impression. Mais c’est surtout lorsqu’on la compare à sa devancière la 104 que cette 205 confirme son modernisme et préfigure le style des modèles à venir.

Car oui, la petite 205 prend du cachet dans cette livrée gris anthracite métallisée relevée d’un discret liseré rouge et d’un plus agressif Sticker « GT » sur les ailes avant. Un petit becquet de coffre et d’imperceptibles montants de portes noirs mats complètent l’équipement de série. La voiture de notre essai est équipée de jantes alu spécifiques et d’un toit ouvrant en verre, deux options du catalogue qui lui permettent d’affirmer son statut de citadine « haut de gamme ». Notez les bavettes en caoutchouc qui, si elles ne font pas l’unanimité, ont le mérite de protéger la caisse des projections et d’être un accessoire Peugeot d’époque !

Pour conclure, si la Peugeot 205 GT ne peut se confondre avec une simple GL, on regrette l’absence d’un vrai spoiler, de projecteurs anti-brouillards ou encore de vitres teintées en série… Mais bon, je chipote…. car en 85, rouler en 205 GT c’était la classe !

Côté choc

C’est quand on prend place à l’intérieur que l’auto accuse son âge. Le dessin de la planche de bord des premières séries n’est pas des plus heureux, elle sera d’ailleurs modifiée à partir du millésime 1988. Ajoutez les petites économies faites sur les commodos et interrupteurs repris de la 104 et vous obtenez un intérieur peu en adéquation avec le style novateur de la 205.

Passons sur ces mesquineries pour parler des vraies améliorations tel que les larges surfaces vitrées qui illuminent l’habitacle ou encore la moquette présente jusque sur la console centrale. Les sièges, partiellement recouverts d’un velours clair, se chargent de donner la (trop légère) touche cossue à cet habitacle. Mais bon, comparé à l’intérieur d’une 205 commerciale il n’y a pas photo ! et puis, c’est toujours plus gai que dans une Golf…

Côté pratique, il faudra mouliner pour obtenir de l’air car les vitres électriques sont restées au rayon des options. Dans l’ensemble, la qualité de fabrication a progressé ; les assemblages sont plus précis mais les plastiques font toujours très « cheap ».
Les rares touches de sportivité prennent la forme d’un volant deux branches « full plastique » au centre duquel trônent fièrement les deux lettres GT, d’un compte tours gradué jusqu’à 8000 trs et d’un compteur plafonnant à 190 km/h.

Parfum ZS…

Bien assis dans les moelleux sièges de velours, je n’arrive pas à me faire une idée de ce que sera cet essai. Tout ici donne dans la sobriété plus que dans la sportivité et ma seule certitude réside dans le bruit familier que fera le moteur lorsque je tournerai la clé de contact puisqu’il s’agit du berlingo de la 104 ZS dans sa dernière évolution. Ce 1360cc tout alu était très moderne à sa sortie, il dispose d’un arbre à cames en tête et a la particularité de partager son huile avec la boîte de vitesses, ce qui a l’avantage de proposer un groupe motopropulseur très compact. Cet ensemble mécanique est capable d’afficher de forts kilométrages sans être ouvert s’il a été correctement entretenu, preuve en est la voiture que j’ai entre les mains puisqu’elle a parcouru 236 000 Km sans intervention majeure.

Autre particularité de cette mécanique, sa forte inclinaison vers l’habitacle qui ajoute à sa compacité un centre de gravité intéressant. L’adoption de deux carburateurs Solex 35 simple corps en lieu et place du double corps Weber permettra à ce bloc de passer de 72 à 80 cv pour la 104 ZS « 80HP ».
C’est cette mouture qui a été jetée sous le capot de notre Peugeot 205 GT mais cette fois équipé de deux carburateurs Weber 35 (à noter que le nouveau bloc TU3S prendra le relais à partir de juillet 1987).

Avec un rendement honnête de 58,8 CV /L et un couple de 11,2 MKg à 2800 Trs/mn il offre à la 104 des performances sympas et un vrai caractère, la taille réduite de l’auto se chargeant de multiplier les sensations. Mais que va t’il donner dans une plus grosse voiture ?
Première chose à vérifier, le poids des deux autos… Surprise, c’est l’égalité avec 810 Kg partout. Il y a du plastique la dessous…

Contact !

Contact et sourire… C’est maintenant certain : je vais conduire une 205 ZS !
Première engagée et la voiture s’anime en douceur malgré un embrayage d’origine, la commande de boite verrouille bien et possède toujours de grands débattements. Soleil au beau fixe et la campagne de Pernes dans le Pas de Calais devient des plus plaisantes, l’agrément procuré par le toit ouvrant et l’inhabituel silence du moteur à allure modérée incitant d’emblée à la ballade. Je découvre l’auto en profitant de la souplesse de la mécanique, la route se déguste coude à la portière et l’envie de forcer le rythme paraît déplacée…

Le comportement routier, qui apparaissait très rassurant dès les premiers tours de roues, se confirme lorsqu’on augmente la cadence. On sent l’auto bien campée sur ses roues mais les petites routes de campagne engendrent pas mal de pompage à cause d’un amortissement trop souple. Dans le même ordre d’idées, les barres anti-roulis plus fermes n’empêchent pas la voiture de se coucher plus que de raison et le manque de maintien latéral des sièges ne m’aide pas à rester dans l’axe de la route. Tout ceci est plus désagréable que réellement pénalisant et la 205 GT reste toujours fidèle à sa trajectoire, au moins cette souplesse générale profite t’elle au confort des passagers.

En revanche, on déplore des à-coups de transmission et autres bruits de cardans qui n’ont pas été réglés depuis la 104 ; bien sûr la voiture a beaucoup roulé mais d’après son propriétaire, ces défauts ont toujours été présents, comme les éternelles fuites d’huile au niveau des joints spy de sortie de boîte…

Je n’ai pas encore tenté d’écraser l’accélérateur que cette 205 roule déjà avec beaucoup d’aisance, les progrès effectués depuis la 104 sont bien là, le confort de roulage est étonnant. La motricité est bien en rapport avec le couple à faire passer sur route sèche, le train avant répond avec mordant aux sollicitations du pied droit. En exagérant dans le serré, on lui trouvera une limite sous-vireuse qui se manifeste néanmoins toujours plus tard qu’on ne l’espérait, preuve que Peugeot maîtrise son sujet. Le freinage est quand à lui bien dimensionné, il complète les bonnes qualités dynamiques de la voiture.

Très souple à bas régimes, il faut atteindre 3000 tours pour que le 1360 confirme sa bonne volonté, il offre alors à la 205 la vivacité qui manque aux versions inférieures et même davantage… Les dépassements ne sont plus un problème, à pleine ouverture les deux solex gavent le berlingo qui en siffle de joie !

Les montées en régimes sont franches sur les 3 premiers rapports et les 2 derniers autorisent de bonnes reprises à tous les régimes mais s’avèrent particulièrement longs pour chatouiller la zone rouge. En tirant sur les intermédiaires, on constate que la mécanique a tendance à s’essouffler un peu vers 5000 trs, étonnant puisque la 104 ZS fait preuve de plus de brio dans les hauts régimes, peut être l’étagement de boite est t’il en cause ou le kilométrage élevé de la voiture d’essai. De toutes manières, aller chercher les tours à tout prix ne correspond pas à la philosophie de l’auto, un filet de gaz permet d’entraîner confortablement 4 passagers à vive allure sur tous types de routes, n’est ce pas la définition du Grand Tourisme ?

Objectif « GT » atteint

Cette Peugeot 205 GT fait preuve d’une excellente homogénéité. Un confort certain combiné à de bonnes prestations routières, c’est LA 205 qui donne envie de voyager. Le toit ouvrant m’a conquis, il colle parfaitement à l’esprit de l’auto et complète l’agrément général, indispensable !
Difficile maintenant de positionner cette 205 GT sur le marché actuel. Généralement archi-usées, car mal entretenues depuis des années, ces voitures servent encore quotidiennement leurs propriétaires qui doivent rêver de HDi.

Pas franchement sportive, le cœur des passionnés balance entre les versions GTi et l’exclusive Rallye qui ont déjà acquises leurs lettres de noblesses. La GT n’en demeure pas moins un excellent choix pour qui veut rouler différent sans se ruiner, l’esprit youngtimer en plus !

En tous cas, je ne regrette vraiment pas de l’avoir essayée cette sacrée 205 ZS !

Points fortsPoints faibles
– Polyvalence
– Confort surprenant
– Tenue de route
– Moteur toujours vaillant
– Freinage
– Pas d’image en collection…
– Roulis et pompage excessifs
– Qualité des plastiques

Mes vifs remerciements à Raynald pour le prêt de sa belle Peugeot 205 GT et son extrême sympathie tout au long de cet essai.

Les liens utiles pour tout savoir sur la Peugeot 205 GT

Le site du Club 205 bien sûr ! Vous y trouverez une mine d’informations sur tous les modèles y compris GT via les forums, à consulter sans modération : https://www.leclub205.com/
Page Facebook : https://www.facebook.com/leclub205officiel/

L’actif forum de Planète 205 : https://www.planete-205.com/

Texte et photos – Stéphane Muguet

Stéphane Muguet
Passionné de Sport Automobile, de techniques de pilotage et de technologie, j’aime partager mais surtout échanger, car je reste convaincu que se remettre en question demeure la seule démarche pour progresser et avancer… Toujours plus vite !
https://www.driving-experience.fr

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