Peugeot 205 GTi 1.9

Le Lion Plante ses griffes !

En 1984, avec 105 CV sous le capot et un comportement diabolique, le seul regret que l’on éprouve en conduisant la Peugeot 205 GTi c’est qu’il manque une poignée de chevaux pour exploiter l’excellent châssis. C’est chose faite au printemps 1986 avec l’apparition de la version 1.6 115 cv. Mais pour asseoir définitivement sa suprématie, Peugeot va encore plus loin et présente en septembre de cette même année une 205 qui revendique cette fois 130 cv grâce à une cylindrée portée à 1905 cc.

Il faut bien reconnaître que le constructeur sochalien a vu juste, les deux versions se partageront le marché et laisseront même une petite place à la tumultueuse 1.3 Rallye.
Entre les journalistes qui en ont dit beaucoup de bien et les adeptes de la 1.6 il va falloir se faire sa propre idée. Sur la route qui me conduit à cet essai, mon esprit ressasse les éloges de la presse de l’époque. J’ai largement été influencé depuis mon adolescence sur LA voiture française qui a détrôné la reine des petites bombes allemandes. Il est temps pour moi de me plonger dans l’univers de la 205 GTi !

Chic et mode

Ça y est, je tourne autour de l’auto et je la détaille comme si je posais mes yeux pour la première fois sur une 205 GTi. Le modèle devient rare sur nos routes alors je la déshabille littéralement du regard sous ce soleil éclatant. A l’aube des années 90, les designers adoucissent timidement les lignes de leurs nouveaux modèles. Chez Peugeot, en collaboration avec le bureau de style Pininfarina, on est plus franc dans le coup de crayon et l’on ose accentuer encore les courbes. Pari gagné ! Ce dessin permettra à la firme de Sochaux de sortir d’une sombre période et de rivaliser enfin avec l’insolente Renault 5.

Dans les années 80, la recette pour métamorphoser une frêle citadine en sportive bodybuildée consiste à l’habiller d’accessoires moulés dans les plastiques les plus nobles… Extensions d’ailes, spoilers avec projecteurs longue portée, inscriptions « GTi », liserés rouges, notre 205 propose toute la batterie réglementaire sans que l’ensemble ne paraisse surchargé, un vrai défi ! On termine le petit tour par les belles jantes de 15′ spécifiques (une dimension rare à l’époque sur une petite voiture) qui se révéleront bien adaptées aux qualités dynamiques du châssis.

Avec le recul, il faut bien avouer que de toutes les petites bombes de son époque, la 205 a plutôt très bien vieilli !

La qualité des matériaux est à la hauteur de ce que l’on attend d’une voitures du milieu des années 80, pas grand chose… Les plastiques extérieurs n’ont pas été étudiés pour résister aux affres du temps et les peintures ont tendance à voir leur vernis s’écailler avec le temps, pas prévu pour durer tout ça !

En rouge et noir

La Peugeot 205 GTi se pare d’une moquette rouge et de sièges semi baquets cuir et tissus noirs (tout cuir en option comme sur notre voiture d’essai). L’instrumentation complète intègre des manos de température d’eau, d’huile et de pression d’huile. Volant et pommeau sport complètent les équipements de série, on notera que l’option toit ouvrant aura également un certain succès auprès des acheteurs.

Aguichante dehors comme dedans, la GTi invite à la ballade, si le ramage vaut le plumage la petite Peugeot a tous les atouts pour devenir la nouvelle reine de la catégorie. C’est un faux suspens car aujourd’hui tout le monde connaît la réponse, je n’aurais donc pas le privilège de tenir les lecteurs en haleine…

Et si on faisait comme si rien ne s’était encore passé…

Le salut vient du couple !

Le moteur (type XU9JA) est extrapolé de la version 1600cc, on retrouve donc l’ensemble bloc/culasse en alliage et l’arbre à cames en tête entraîné par courroie crantée, l’alimentation est toujours confiée au système LE-2 Jetronic de Bosch. L’augmentation de la cylindrée a été obtenue par l’allongement de la course des pistons, ce qui a imposé l’adoption d’une entretoise entre le bas moteur et le carter d’huile pour laisser libre cours aux mouvements des bielles et rigidifier l’ensemble.
130cv pour 1905cc, des chiffres honnêtes mais pas exceptionnels en terme de rendement (68 ,24 ch/l). Il faut plutôt regarder du côté du couple pour se faire une idée ; la courbe affiche une valeur intéressante de 16,4 mkg à 4750 tr/mn, avec une disponibilité importante dès 2000 tr/mn. En théorie, ce sont les reprises qui sont favorisées, au détriment des montées en régime.

Ce moteur subira plusieurs évolutions entre sa sortie en décembre 1986 et l’arrêt de la production du modèle en 1994. La plus notable étant la perte de 8cv dans sa version catalysée (XU9JAZ à partir de l’année 92) par l’adoption d’un système d’injection et d’un allumage différents des autres versions.
A noter que la 205 Gentry apparue en novembre 91 est équipée de ce bloc sous l’appellation XU9J1 mais dont la puissance a été limitée à 105cv. Cette version plus luxueuse que sportive est par ailleurs équipée du système d’injection Bosch LU-Jetronic et d’un catalyseur.

Un bon moteur n’est rien sans une bonne boite de vitesses et les ingénieurs de chez Peugeot ont développé une boite capable d’exploiter au mieux le couple du 1900, non seulement les rapports sont bien étagés mais en plus la commande s’avère précise, un bon point supplémentaire pour la « grosse GTi » qui met décidément beaucoup d’atouts de son côté sur le plan technique.

Peugeot affûte les griffes de sa nouvelle lionne, il nous reste à présenter la partie châssis qui faisait déjà merveille sur la base de la 1.6. Pour autant, les ingénieurs ne se sont pas contentés de l’existant, les trains roulants sont repensés pour répondre aux contraintes de poids et de puissance de la 1.9. Le freinage n’est pas en reste puisque la la voiture est équipée de disques à l’arrière en lieu et place des tambours. Ce travail approfondi sur le plan dynamique est en quelque sorte l’aboutissement de l’expérience acquise sur la version 1.6. Pas de demi-GTi pour Peugeot, la 1.9 sera une voiture de sport à part entière.

Sur la route, le résultat fera office de démonstration, pas moins…

Force tranquille….

Difficile de rester 100% objectif, de ne pas être influencé par mes lectures ou d’apporter ma pierre à un édifice solidement bâti par tout ceux qui ont fait la réputation de l’auto, journalistes et utilisateurs. Je me sens ignorant car je n’ai jamais posé mes fesses dans cette auto devenue mythique mais j’en meure d’impatience ! Je sais aussi que Jean-Dominique a envie de partager la passion qu’il a pour son auto en me la faisant découvrir autrement que sur papier glacé. Alors je vais essayer de vous livrer les impressions d’un premier essai, 25 ans après… . La voiture de cet essai est une version 1.9 de mai 1990, équipée du nouveau tableau de bord, elle possède certains équipements spécifiques à ce millésime comme les longues portées à déflecteurs jaunes et le verrouillage centralisé. Pour être totalement transparent, signalons la présence d’un silencieux d’échappement sport, pas d’origine certes, mais qui ne transforme pas le caractère de l’auto, tout juste rend-il la sonorité du 4 cylindres un peu plus ronde.

Une fois n’est pas coutume, c’est en passager que je goûte aux premier tors de roues, Jean-Do en profite pour me parler de son auto avec une modestie qui ne saurait dissimuler toute la passion qu’il a pour la 205, toutes versions sportives confondues.
Les premiers kilomètres donnent le ton, la suspension ferme confirme d’emblée la vocation de l’auto, en ce sens, la 205 ne saurait renier les origines germaniques du concept dont elle est issue…
Évidemment, les jantes de 15 pouces et les pneus taille basse accentuent les trépidations et bruits de roulement. Les bruits d’air et de moteur ne sont pas en reste, l’insonorisation ne devant tout simplement pas faire partie du cahier des charges remis aux ingénieurs.

Tout ça sent bon le sport et ce n’est pas pour me déplaire. Jean-Do hausse le rythme, l’auto prend facilement de la vitesse et dès les premiers virages, le châssis ne laisse plus planer aucun doute sur son potentiel…

Cette approche m’a mis l’eau à la bouche, je m’installe derrière le volant. Première constatation, les commandes sont fermes, l’embrayage est du genre viril et la direction très lourde à l’arrêt, je comprends pourquoi la presse conseillait à l’époque l’option direction assistée ! Heureusement, en mouvement tout rentre dans l’ordre avec une direction précise et train avant directif.

Grâce à sa cylindrée le moteur est très plein dès les bas régimes, le couple maxi est pourtant perché à près de 5000 tr/mn mais sortir d’une courbe lente en quatrième sur un filet de gaz ne pose aucun problème. Mieux, les montées en régime ne lui font pas peur et il se montre également à l’aise pour aller chatouiller la zone rouge… de manière très (trop) linéaire toutefois. En forçant le rythme, je découvre un train avant délirant d’efficacité ! L’auto ne plante jamais de l’avant, même dans le serré, elle prend des appuis impeccables sans roulis excessif tandis que le train arrière enroule naturellement.

Comme toutes les autos très vives, la direction à tendance à « emmener » la voiture sur les extérieurs lorsque la chaussée est déformée. L’angle de chasse du train avant n’est pas étranger à ce phénomène et avec en plus une monte pneumatique large, il faut bien tenir le volant pour garder le cap. L’amortissement est excellent en compression comme en détente, la caisse ne pompe pas sur nos petites routes de campagne, même à vive allure. Le plaisir de conduite est bien au rendez-vous mais votre passager ne se régalera que s’il est amateur de sensations fortes, de secousses et autres vibrations !

Le mode d’emploi est simple, on freine (fort), on tombe les rapports, on braque sur les freins et une fois l’auto inscrite on soulage la pédale du milieu pour générer un peu d’inertie, l’auto enroule alors jusqu’à ce qu’on soude l’accélérateur en sortie pour s’extraire sans perdre trop de vitesse. Pas besoin de la balancer exagérément pour la faire tourner, le phénomène de sous virage propre aux tractions est en partie gommé, pas d’efforts inutiles ! Attention quand même aux excès d’optimisme, ça peut engager franchement de l’arrière au lever de pied, surtout lorsqu’on ne s’y attend pas ou que la chaussée est humide…

Le freinage se révèle à la hauteur des prestations générales, les quatre disques étant bien aidés par un poids raisonnable.

Alors bien sûr, les performances sont là, le chrono parle et le châssis fait merveille mais je trouve le feeling général en retrait par rapport à la version 115cv, dont le train avant, plus léger, rend l’ensemble plus vivace. et le 1.6 plus rageur participe grandement au plaisir de conduite. Chipotage ou pas, les « GTistes » n’arrivent toujours pas à s’accorder sur ce point, les possesseurs de versions 1.9 vantent les performances de leur machine tandis que les « pro 1600 » mettent en avant les sensations et l’efficacité générale… La concurrence est rude, même au sein du clan Peugeot !

Objectif GT atteint

Plus performante, plus efficace, cette Peugeot 205 GTi survole ses concurrentes et s’octroie la couronne dans une catégorie très disputée. Cette version 1.9 perd un peu de sa fougue mais elle se rattrape en polyvalence, en confort d’utilisation et ne manque pas d’atouts pour séduire une clientèle moins portée sur le sport à l’état brut. Proposer sous un même badge 2 voitures au caractère très différent est bien vu de la part du constructeur car les 2 versions ont aujourd’hui encore leurs aficionados. Avec la 1.9, la touche GTi devient aussi un phénomène de mode, c’est tendance et chic à tel point que même madame veut la sienne pour aller au boulot ou faire les courses dans les beaux quartiers !

Quant à moi, entre les trois (1.6 105cv, 1.6 115cv et 1.9 130cv) mon cœur balance, à moins qu’une 1.6 avec un kit PTS 125cv …

Points forts Points faibles
  • Succès mérité
  • Châssis fantastique
  • Ensemble moteur/boite
  • Look réussi
  • Fiabilité
  • Freinage efficace
  • Pointue à la limite…
  • Finition eighties
  • Confort germanique !

Il a dit…

Jean Dominique est un vrai passionné de la 205 GTi… et de toutes les 205 en général !

Comme tout passionné qui se respecte, il connait son sujet sur le bout des doigts, millésimes, caractéristiques, détails techniques… Il jongle avec toutes ces données pour vous décrire chaque version, année par année ; du pommeau de levier de vitesses gravé à celui imprimé, en passant par les déflecteurs de longues portées jaune de tel millésime, rien ne lui échappe. Enrichissement garanti, on peine parfois à suivre et l’on repart avec des infos plein la tête et les fiches techniques. A en perdre son latin, mais pas de panique, car un simple coup de fil et il se fait un plaisir de remettre de l’ordre dans tout ça !

L’homme est passionnant, ses voitures sont très belles est scrupuleusement entretenues, aucun doute sur le fait que vous les retrouverez dans les « pages 205 » de Driving-Experience…

Merci encore à Jean Do de m’avoir fait découvrir de la meilleure manière qui soit cette voiture mythique.

Les liens pour tout savoir sur la Peugeot 205 GTI

L’incontournable et dynamique site du 205 GTI Club de France : http://www.club205gti.fr/site/
Et sa page facebook : https://www.facebook.com/205GTICLUBDEFRANCE/

Le 205 GTI Classic Club très actif également : http://205gticlassic.club/

Le GTI Powers Club qui regroupe les passionnés de 205 et 309 GTi : https://www.leclub205.com/

Le Club 205 qui regroupe tous les modèles de 205 : https://www.leclub205.com/

Textes et photos – Stéphane MUGUET

Stéphane Muguet
Passionné de Sport Automobile, de techniques de pilotage et de technologie, j’aime partager mais surtout échanger, car je reste convaincu que se remettre en question demeure la seule démarche pour progresser et avancer… Toujours plus vite !
https://www.driving-experience.fr

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