
GT3… plus qu’une référence !
50 ans que la Porsche 911 évolue en restant fidèle à son concept originel, une sportive inaltérable défiant le temps et la concurrence. Badgée « GT3 », elle est devenue pour les passionnés de sport automobile synonyme de très hautes performances et, pour certains, la meilleure sportive de tous les temps…
Sans être la plus puissante des Porsche, la GT3 concentre tout le savoir-faire de Stuttgart. La type 997 qui nous intéresse aujourd’hui succède à la 996, première de la lignée GT3 apparue en 1999 au salon de Genève. Version ultra sportive de la 911, elle est la réponse de Porsche aux attentes d’une clientèle exigeante, à la recherche d’une sportive sans concession. Elle est également une référence à la mythique 911 2,7L RS de 1972…
Fantasme automobile…
Faut-il encore présenter la 911 ?
Grâce à son dessin original, elle se joue des modes et s’adapte subtilement aux tendances stylistiques des époques traversées. Le temps glisse sur cette silhouette qui se galbe au point de se féminiser sous certains angles. Pour s’en rendre compte, il suffit de mettre côte à côte un modèle 63 et un type 997 de 2010. Force est de constater que notre 911 s’est offerte de bien jolies hanches en un demi siècle !
Au fil du temps la ligne a gagné en fluidité et en efficacité aérodynamique mais de profil, impossible de se tromper sur l’identité de cette sportive historique : tout le monde ou presque est capable de reconnaître « LA » Porsche qui a fait rêver plusieurs générations de passionnés.
Notons que la 997 revient à la tradition des phares « ronds », la 996 ayant tenté d’effacer l’un des signes distinctifs du modèle depuis les origines…. Sacrilège corrigé, car avouons que ce regard participe grandement à l’identité de notre idole.
Deutsche qualität !
Ce slogan à l’initiative d’un autre constructeur allemand fait pourtant bien référence à ce que l’on perçoit à l’intérieur d’une Porsche. La qualité générale frôle l’excellence, chaque centimètre carré est traité avec le plus grand soin…. Mais pas de fioritures et encore moins d’extravagance à bord, comme si cet habitacle avait été pensé pour se faire oublier au bénéfice de l’essentiel : le pilotage !
Au milieu de cet environnement fonctionnel, un seul accessoire est susceptible d’attirer votre attention : le petit chronographe « posé » au centre du tableau de bord, dont les aiguilles ne sont pas là pour vous indiquer l’heure… mais plutôt défier les secondes.
Tradition oblige, le compte-tours garde la meilleure place au centre du bloc compteur, bien entouré par une instrumentation complète. Les indispensables sièges baquets sont très enveloppants, prêts à vous accueillir. Et pour parfaire l’expérience circuit, le constructeur met gracieusement à disposition du client (oui, vous avez bien lu) le pack Club Sport composé d’un arceau de sécurité, de harnais et d’un extincteur, il n’y a alors plus aucun doute sur l’utilisation qui sera faite de cette GT3….
Tradition et évolution
Sans surprise on retrouve un flat six en porte à faux arrière pour propulser notre GT3. Un 3,8L qui développe 415 chevaux au régime de 7600 trs/mn et peut se permettre de flirter avec un rupteur calé à 8400 trs/mn. Destiné à donner le meilleur de lui-même dans les tours, sa cylindrée assez confortable devrait tout de même procurer une certaine souplesse dès les bas régimes. Le savoir-faire de Porsche en tant que motoriste est ici un réel atout pour la réalisation d’un moteur atmosphérique performant qui conserve un vrai caractère !
Uniquement disponible avec une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports, la 997 GT3 est l’une des rares super-sportives à résister à l’appel des palettes… 50 ans de traditions c’est aussi un respect de l’authenticité qui ne déplaira pas aux amateurs. Ils pourront profiter d’une commande de boîte « parfaite » et d’un pédalier idéalement dessiné pour réaliser un talon/pointe digne de ce nom. Du sport à l’ancienne oui, mais le meilleur du meilleur !
« C’est donc ça une voiture…. »
Je l’avoue, avant de m’asseoir à bord je n’avais pas d’attirance particulière pour la marque. J’en connaissais la réputation comme tout le monde mais mon intérêt pour les petites sportives légères me fermait un peu l’esprit sur tout ce qui pouvait dépasser la tonne…
Et pourtant, la prise en main d’une Porsche reste aujourd’hui encore l’un de mes « moments automobiles », ils s’agissait d’une 996 GT3, et c’était bien tard si l’on considère la passion que j’ai pour l’automobile sportive…
Je me souviens avoir ajusté le siège, manipulé les commandes à l’arrêt, moteur éteint, et murmuré « ok, c’est donc ça une voiture… »
Aujourd’hui, c’est à bord d’une 997 GT3 que je m’installe. Depuis mes débuts en Porsche un peu d’eau a coulé sous les ponts, mais c’est toujours avec une réelle émotion que je règle ma position de conduite avant de mettre le flat six en action.
La piste du jour se situe à la périphérie de Nantes, plus précisément à Fay de Bretagne, circuit bien connu dans l’Ouest de la France pour son tracé technique, sa longue ligne droite de 900m et son histoire puisqu’il s’agit de l’ancienne piste d’essai du constructeur Venturi.
Brève action sur la clé située à gauche de la colonne de direction pour démarrer le moteur, le 6 à plat s’ébroue dans une sonorité feutrée mais caractéristique. Dernière de la lignée à ne disposer que d’une boîte mécanique, c’est un régal d’enclencher la première pour quitter la voie des stands.
Après quelques tours de roues pour la mise en température, le rythme peut s’accélérer. Première constatation : le 3.8 est assez rond en bas pour radicalement changer de registre une fois passée la barre des 4500 trs/mn, ce qui en fait un moteur particulièrement élastique, agréable en bas et rageur en haut. Sa sonorité est sublimée par l’ouverture de valves à l’échappement lorsque l’on tire profit de toute la plage de régimes. Bien secondé par la boîte 6 mécanique, le moteur peut donner le meilleur de lui-même ; le pilote n’a alors plus qu’à se concentrer sur l’essentiel.
En dynamique on retrouve le comportement caractéristique de la 911, un mélange de rusticité (à rayer et à remplacer par « authenticité » pour les chastes oreilles des férus de la marque 😉 ) et de précision, mais sans les réactions « délicates » des anciennes générations. Au fil du temps le châssis a évolué pour gommer les défauts inhérents à l’architecture de la voiture. Car si le moteur en porte à faux arrière offre de la motricité, il a tendance à créer un déséquilibre lors des phases d’accélération, allégeant le train avant au point de générer un phénomène de balancier dans la direction à haute vitesse. Pas très rassurant… mais aujourd’hui, entre motricité et précision du train avant, il ne faut plus choisir !
Raison de plus pour profiter de l’adhérence du train arrière en sortie de virage. Les remises de gaz un peu franches ont pour effet d’asseoir le train arrière, clouant les deux roues motrices dans l’asphalte pour propulser la 997 avec force.
Si la sortie doit se faire sur les gaz, l’entrée doit se gérer sur les freins pour que l’avant bénéficie au maximum du transfert de charges. Tout le talent consiste alors à jouer finement du pied droit entre le freinage et la ré-accélération. La mobilité de la voiture dépend de ce petit moment d’inertie qui permet d’engager l’arrière, le tout étant de ne pas se laisser embarquer par le sac à dos (à six cylindres) tout à l’arrière. Car au delà d’un certain angle de dérive les choses peuvent se compliquer…
Entre deux enchaînements, la ligne droite de près d’un kilomètre ne laisse pas vraiment le temps de se reposer. Avalée par le six à plat en quelques secondes, elle se transforme en une courbe rapide qui se négocie sur un fil…et de gaz.
Heureusement, la suspension permet une parfaite lecture de la piste : tout remonte efficacement dans le baquet et la direction pour adapter son pilotage en temps réel. Les vitesses d’entrée et de passage en courbes sont bluffantes, imposant une concentration de tous les instants.
Le freinage demeure une référence pour une voiture de série. Mordant et endurant, ce système « acier » n’a rien à envier aux très onéreux disques céramiques que l’on peut trouver chez la concurrence.
Pour tirer le meilleur de la 997, il faudra passer par une véritable phase d’adaptation liée à cette architecture châssis/moteur si particulière. Une fois le mode d’emploi assimilé, la précision de pilotage se devra d’être sans faille.
Le sport en grand
Obtenir un tel niveau d’efficacité en conservant une architecture châssis et moteur aussi atypique est une prouesse à laquelle s’attachent les ingénieurs de chez Porsche depuis la création de l’emblématique 911. 50 ans après, les concessions à la tradition restent pourtant minimes, l’arrivée du refroidissement par eau étant le fait le plus marquant jusqu’à présent.
Affichée près de deux fois moins chère que la concurrence, la 997 GT3 conserve son statut de sportive emblématique. Reine des trackdays aux mains d’amateurs fortunés, elle excelle aussi au niveau professionnel dans les championnats GT, en endurance et même parfois en rallye.
Un grand merci à la piste de Fay de Bretagne (Loire Atlantique) pour la séance photos. Tracé technique et longue ligne droite ont permis à cette GT3 d’exprimer pleinement tout son potentiel historique.
Points forts | Points faibles |
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Sous un autre angle…
Les liens utiles pour tout savoir sur la Porsche 997 GT3
Porsche est un constructeur qui rassemble d’innombrables passionnés et spécialistes. Impossible de dresser ici une liste exhaustive des sites faisant référence au modèle, mais voici quelques bonnes adresses à consulter sans modération :
Club Porsche : Site de la fédération des Porsche Club de France, regroupe les liens vers les différents Club Porsche régionaux.
http://www.porscheclub.fr/
Porsche Club Motorsport : Le site pour les passionnés de la piste et, à fortiori, de la, GT3, on y trouve les dates des sorties circuits ou compétitions officielles ainsi que sont regroupées ici.
http://www.club-porsche-france-motorsport.fr